En Corée du sud, le nouveau pouvoir est déstabilisé par un important mouvement de contestation contre l’importation de bœuf américain potentiellement contaminé par l’ESB, la "maladie de la vache folle". Depuis moins d’un mois, ce mouvement rassemble régulièrement dans la rue des dizaines de milliers de personnes et bénéficie du soutien de millions de sympathisants.
Les origines de la contestation ainsi que les formes de lutte présentent des aspects politiques et (non)-organisationnels particuliers signant la crise de la démocratie représentative. La répression par le pouvoir affaiblit prend des formes vicieuses qui rappellent à certains des méthodes d’un temps qu’ils croyaient révolu.
Corée du sud : le pouvoir déstabilisé par un mouvement autonome
Les récentes élections ont permit l’accession au pouvoir le 25 février 2008 de Lee Myung-Bak, président libéral issu du parti conservateur réactionnaire et anti-communiste Han Nara Dang, anciennement PDG de Hyundai et maire de Seoul. Ce président, qui vous en rappellera un autre, souhaite la déréglementation de l’économie, la réduction des taxes sur les entreprises, la relance des privatisations d’entreprises (par example de la chaîne de télévision publique MBC) et de l’éducation, ainsi que la réalisation de grands travaux d’urbanisme. Il est partisan d’une ligne dure avec la Corée du Nord et son pro-américanisme inconditionnel va jusqu’à la volonté de modifier l’orthographe des mots coréens d’origine américaine et de rendre obligatoire un apprentissage intensif de la langue anglaise pour toute la population.
C’est dans ce contexte et deux jours seulement après l’élection des représentant-e-s au parlement du 9 avril 2008, que commencent les négociations sur l’importation de boeuf en provenance des états-unis. Moins de dix jours plus tard lors d’un dîner avec des PDG américains, le président Lee Myung-Bak annonce la fin des négociations et la signature d’un accord.
Un important stock de viande bovine en provenance des USA avait été bloqué en octobre 2006 pour des raisons sanitaires, après la découverte dans la viande de morceaux d’os potentiellement vecteurs de la maladie de la vache folle. Le nouvel accord exigé par l’administration américaine comme un préalable nécessaire avant tout accord plus large de libre échange (FTA), prévoyait le déblocage des importations en mai 2008
(...)
En Corée du sud, la population présente un risque démultiplié pour deux raisons. Premièrement de part leurs habitudes alimentaires, les coréens consommant couramment de la moelle d’os de boeuf bouillis. Deuxièmement son profil génétique la surexpose à cette maladie : 100% des humains l’ayant contractés étaient porteurs d’un génotype particulier dit Met/Met. Environ 40% de la population générale possède ce profil génétique, mais chez les coréens ce taux atteint 95%
(...)
Le 29 avril puis le 8 Mai 2008 ces arguments volèrent en éclats dans des émissions diffusées sur la chaîne publique coréenne MBC [3] . Un reportage à charge ainsi qu’un débat entre des membres du gouvernement et de la société civile révélèrent la méconnaissance effarante par les responsables des termes de l’accord et des risques sanitaires encourus par la population.
(...)
Bien que le mouvement de contestation ait déjà commencé avant la diffusion de cette émission par une manifestation de mères inquiètes pour la sécurité alimentaire, celle-ci a amplifié la conscience des risques et des enjeux.
Des rassemblements relativement spontanés se sont formés pratiquement chaque soir depuis le premier mai, en particulier durant les nombreux jours fériés et week-end de cette période. Ils comportent assez rapidement des dizaines de milliers de personnes (15.000 lors de la première manifestation importante qui a eu lieu le 2 mai) et ne faiblissent pas. Des travailleu-rs-ses, des mères de famille, des fermier-e-s, des lycéen-ne-s se succèdent au micro pour dénoncer les accords devant leurs pairs munis de bougies. Le climax fut atteint ce samedi 17 Mai, veille de la commémoration du massacre de Kwangju, par un rassemblement festif de plus de 40.000 personnes.
Les rassemblements à la bougie trouvent leur origine en 2002 lorsque des chars de l’armée américaine ont tué deux petites filles coréennes. La population coréenne outrée par la réaction méprisante de l’administration américaine et la non-condamnation des fautifs s’était réunie en marche silencieuse à la bougie. Les manifestations actuelles étant illégales car "non déclarées, bruyantes et nocturnes" sont présentées comme des "évènements culturels" par les participant-e-s (...) Les principales revendications vont de l’annulation des accords d’importation à la destitution du président. Le mouvement est impressionnant de force, d’autonomie et de vitalité ; l’auto-gestion est de mise.
Le déploiement des "forces de l’ordre" est impressionnant malgré le pacifisme total des rassemblements. (...) Le mouvement de contestation comporte une forte proportion de lycéen-ne-s, jusqu’à 70% suivant les rassemblements. Ceci est un phénomène particulier et atypique en Corée du sud, ou l’enseignement est très strict et hiérarchisé, la moitié des lycées sont non mixtes, la sélection impitoyable et ou les lycéen-ne-s n’ont aucune organisation politique ni syndicats.
Le corps enseignant et les direct-eurs-rices d’établissements scolaires collaborent très activement avec les forces de police. Les direct-eurs-rices de lycées ont envoyé des centaines de professeur-e-s dans les rassemblements afin de repérer les élèves participant-e-s.
(...)
C’est sur un site internet qu’une pétition lancée par des lycéen-ne-s pour la destitution du président Lee Myong-Bak réunissait déjà 300.000 signatures le premier mai, et plus de 1.310.000 signatures le 15 mai. Le gouvernement coréen a dans un premier temps méprisé "ces fausses rumeurs propagées sur l’internet".
Mais devant l’ampleur du mouvement la police a menacé d’arrêter les "Netizens" ainsi que les organisat-eur-rice-s des manifestations afin de les traduire en justice.
Si des organisations politiques au sens traditionnel sont présentes, elles se montrent particulièrement discrètes. Ceci peut être dû à leur volonté de ne pas permettre au gouvernement d’attribuer une étiquette idéologique au mouvement, mais plus probablement à l’impossibilité pour elles d’en prendre le contrôle. Les partis politiques bourgeois, y compris de droite, semblent faire du suivisme en s’alignant progressivement sur les revendications de la rue. Le parti des travailleurs, parti progressiste de gauche, a annoncé qu’il payerait des avocats pour les lycéen-ne-s poursuivis. On note la présence dans les manifestations d’éléments trotskistes et d’autres forces anti-capitalistes, mais les revendications principales sont plus limitées.
Blog sur la situation : http://candleseoul.blogspot.com
Sun Jun 02, 2019 3:20 am by luxemburguista
» Frente Anticapitalista Verde: Manifiesto - Green Anti-Capitalist Front: Manifesto
Sat Jun 01, 2019 11:11 am by luxemburguista
» Las ideologías identitarias: La trampa de la diversidad
Wed May 29, 2019 11:44 am by luxemburguista
» 1 de Mayo: Viva la lucha de la clase obrera
Sun Apr 28, 2019 3:47 am by luxemburguista
» Campaña de la CGT contra la ley de mutuas
Sun Apr 28, 2019 3:40 am by luxemburguista
» Rosa Luxemburg: la llama ardiente de la revolución
Tue Mar 26, 2019 12:46 pm by luxemburguista
» Al fascismo no se le combate votando
Sat Mar 23, 2019 2:22 am by luxemburguista
» A Green New Deal vs. Revolutionary Ecosocialism
Sat Mar 09, 2019 4:33 am by luxemburguista
» La era del pánico climático está aquí
Sat Mar 02, 2019 5:44 am by luxemburguista