L'expression d'une force sociale
L'évènement de cette rentrée, ce sont les imposantes manifestations des 7 et 23 septembre puis des 2 et 12 octobre pour la défense du droit à la retraite à 60 ans. Avec 3,5 millions de manifestants sur l’ensemble des 240 manifestations qui se sont déroulées le 12 octobre, la rue a clairement prouvé que le projet gouvernemental de contre-réforme des retraites suscite un rejet populaire massif.
Quatre manifestations de suite en un mois, qui réunissent à chaque fois plus de 2 millions de travailleurs, avec de surcroît un important soutien populaire à la mobilisation : de toute évidence c'est une force sociale qui est en train de s'exprimer.
Le projet de contre-réforme des retraites que le pouvoir tente d’imposer s'inscrit dans un contexte où, tout en le niant officiellement, le gouvernement met en place pour 2011 un budget d'austérité. Cette austérité est en fait un nouveau biais pour s'en prendre aux services publics et aux droits sociaux. C'est, encore et toujours, faire payer la crise à ceux qui n'y sont pour rien, et qui la subissent déjà depuis 2 ans.
Dans le même temps, l'Etat se livre à la stigmatisation arbitraire d'une partie de la population, par une politique et des déclarations lamentables visant les « étrangers ». Ce gouvernement se présente donc avec comme programme : austérité, racisme, et attaques contre les droits des travailleurs. Nous sommes confrontés à un véritable gouvernement de combat, qui mène sa lutte antisociale sur plusieurs fronts à la fois.
Mais son offensive n'est pas toute-puissante. Aucune propagande du pouvoir n'est parvenue à dissimuler la nature de son projet sur les retraites : une attaque contre les droits et les retraites des travailleurs. Le caractère injuste du projet a été très largement compris.
Cependant, malgré une mobilisation très importante lors des journées isolées appelées par les directions des centrales syndicales, il est clair que pour obtenir le retrait de ce projet injuste c'est une grève construite dans la durée qui sera déterminante, une grève unissant les salariés des différents secteurs, les chômeurs, la jeunesse lycéenne et étudiante, etc., qui ont en commun d'avoir compris – quoiqu'en dise la propagande officielle – que leurs intérêts sont les mêmes face à ce pouvoir.
En parallèle des manifestations massives qui se succèdent depuis plusieurs semaines, des mouvements de grève se structurent et se développent dans plusieurs secteurs. Au moment où nous écrivons, cette mobilisation n'est pas encore généralisée, ni unifiée.
Il est possible dans la situation actuelle de construire à la base une grève générale, mais il ne faut pas se cacher une difficulté : la précarisation croissante des travailleurs complique pour beaucoup la possibilité même de faire grève. Cette quasi-limitation de fait du droit de grève concerne directement les salariés en CDD1 et autres précaires, les employés en intérim, les stagiaires, les intermittents, les employés des très petites entreprises, etc. C'est donc un phénomène d'ampleur. De plus, une proportion importante des salariés sont dans des lieux de travail assez réduits, même s'ils sont par ailleurs employés par des grands groupes. Cette configuration rend plus difficile des AG (Assemblées Générales) par entreprises, lesquelles ont de plus souvent été fractionnées par le recours à la sous-traitance. L'existence d'un chômage de masse durable pèse également contre les possibilités d'action2. De plus, le contexte de crise et son impact sur les salaires rend plus difficile pour beaucoup de perdre plusieurs journées de salaires de suite.
Ce n'est cependant pas la première période de crise. La grève générale spontanée de mai-juin 1936 s'est déroulée dans le contexte de la crise de 1929. Cela montre que c'est possible, s'il y a un véritable espoir et des objectifs ambitieux. L'enjeu est de voir si la force sociale qui s'exprime par le mouvement actuel arrivera à vaincre le pessimisme3, en ouvrant une perspective émancipatrice.
Dans le contexte actuel, face à l'attitude intransigeante du pouvoir, il faut être réaliste : quand on est face à un mur, il est absurde de lui demander poliment de bien vouloir reculer d'un ou deux mètres. Si un mur nous barre la route, il faut bel et bien le renverser. Le gouvernement se comportant comme un mur, le mouvement social doit agir en conséquence, ou se condamner à l'échec sur le fond.
Pour aller vers une grève de masse généralisée, seule à même de permettre une victoire réelle, ce sont des Assemblées Générales partout qu'il faut organiser : par lieu de travail, par secteur d'activité, par secteur géographique. La discussion et la décision collectives peuvent permettre de dépasser les difficultés à se mobiliser. Par une auto-organisation à la base de l'action collective, la mobilisation peut battre ce gouvernement.
1 Contrats à Durée Déterminée, par opposition aux CDI (Contrats à Durée Indéterminée), qui sont les contrats de travail « normaux ».
2 Il faut rappeler à quel point l'existence d'un chômage de masse ancré durablement favorise le patronat dans le rapport de forces entre les classes sociales.
3 Beaucoup ne croient pas crédible que l'on puisse battre ce pouvoir. Le mouvement a un manque de confiance en sa propre force, en partie parce qu'aucun courant politique ne suscite d'adhésion populaire. Mais cela pourrait être au contraire un facteur de force : il n'y a de véritable solution qu'en construisant le mouvement par l'auto-organisation.
Critique Sociale
L'évènement de cette rentrée, ce sont les imposantes manifestations des 7 et 23 septembre puis des 2 et 12 octobre pour la défense du droit à la retraite à 60 ans. Avec 3,5 millions de manifestants sur l’ensemble des 240 manifestations qui se sont déroulées le 12 octobre, la rue a clairement prouvé que le projet gouvernemental de contre-réforme des retraites suscite un rejet populaire massif.
Quatre manifestations de suite en un mois, qui réunissent à chaque fois plus de 2 millions de travailleurs, avec de surcroît un important soutien populaire à la mobilisation : de toute évidence c'est une force sociale qui est en train de s'exprimer.
Le projet de contre-réforme des retraites que le pouvoir tente d’imposer s'inscrit dans un contexte où, tout en le niant officiellement, le gouvernement met en place pour 2011 un budget d'austérité. Cette austérité est en fait un nouveau biais pour s'en prendre aux services publics et aux droits sociaux. C'est, encore et toujours, faire payer la crise à ceux qui n'y sont pour rien, et qui la subissent déjà depuis 2 ans.
Dans le même temps, l'Etat se livre à la stigmatisation arbitraire d'une partie de la population, par une politique et des déclarations lamentables visant les « étrangers ». Ce gouvernement se présente donc avec comme programme : austérité, racisme, et attaques contre les droits des travailleurs. Nous sommes confrontés à un véritable gouvernement de combat, qui mène sa lutte antisociale sur plusieurs fronts à la fois.
Mais son offensive n'est pas toute-puissante. Aucune propagande du pouvoir n'est parvenue à dissimuler la nature de son projet sur les retraites : une attaque contre les droits et les retraites des travailleurs. Le caractère injuste du projet a été très largement compris.
Cependant, malgré une mobilisation très importante lors des journées isolées appelées par les directions des centrales syndicales, il est clair que pour obtenir le retrait de ce projet injuste c'est une grève construite dans la durée qui sera déterminante, une grève unissant les salariés des différents secteurs, les chômeurs, la jeunesse lycéenne et étudiante, etc., qui ont en commun d'avoir compris – quoiqu'en dise la propagande officielle – que leurs intérêts sont les mêmes face à ce pouvoir.
En parallèle des manifestations massives qui se succèdent depuis plusieurs semaines, des mouvements de grève se structurent et se développent dans plusieurs secteurs. Au moment où nous écrivons, cette mobilisation n'est pas encore généralisée, ni unifiée.
Il est possible dans la situation actuelle de construire à la base une grève générale, mais il ne faut pas se cacher une difficulté : la précarisation croissante des travailleurs complique pour beaucoup la possibilité même de faire grève. Cette quasi-limitation de fait du droit de grève concerne directement les salariés en CDD1 et autres précaires, les employés en intérim, les stagiaires, les intermittents, les employés des très petites entreprises, etc. C'est donc un phénomène d'ampleur. De plus, une proportion importante des salariés sont dans des lieux de travail assez réduits, même s'ils sont par ailleurs employés par des grands groupes. Cette configuration rend plus difficile des AG (Assemblées Générales) par entreprises, lesquelles ont de plus souvent été fractionnées par le recours à la sous-traitance. L'existence d'un chômage de masse durable pèse également contre les possibilités d'action2. De plus, le contexte de crise et son impact sur les salaires rend plus difficile pour beaucoup de perdre plusieurs journées de salaires de suite.
Ce n'est cependant pas la première période de crise. La grève générale spontanée de mai-juin 1936 s'est déroulée dans le contexte de la crise de 1929. Cela montre que c'est possible, s'il y a un véritable espoir et des objectifs ambitieux. L'enjeu est de voir si la force sociale qui s'exprime par le mouvement actuel arrivera à vaincre le pessimisme3, en ouvrant une perspective émancipatrice.
Dans le contexte actuel, face à l'attitude intransigeante du pouvoir, il faut être réaliste : quand on est face à un mur, il est absurde de lui demander poliment de bien vouloir reculer d'un ou deux mètres. Si un mur nous barre la route, il faut bel et bien le renverser. Le gouvernement se comportant comme un mur, le mouvement social doit agir en conséquence, ou se condamner à l'échec sur le fond.
Pour aller vers une grève de masse généralisée, seule à même de permettre une victoire réelle, ce sont des Assemblées Générales partout qu'il faut organiser : par lieu de travail, par secteur d'activité, par secteur géographique. La discussion et la décision collectives peuvent permettre de dépasser les difficultés à se mobiliser. Par une auto-organisation à la base de l'action collective, la mobilisation peut battre ce gouvernement.
1 Contrats à Durée Déterminée, par opposition aux CDI (Contrats à Durée Indéterminée), qui sont les contrats de travail « normaux ».
2 Il faut rappeler à quel point l'existence d'un chômage de masse ancré durablement favorise le patronat dans le rapport de forces entre les classes sociales.
3 Beaucoup ne croient pas crédible que l'on puisse battre ce pouvoir. Le mouvement a un manque de confiance en sa propre force, en partie parce qu'aucun courant politique ne suscite d'adhésion populaire. Mais cela pourrait être au contraire un facteur de force : il n'y a de véritable solution qu'en construisant le mouvement par l'auto-organisation.
Critique Sociale
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